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LES FEUILLANS DE LYON. 477 La mode exerçait son empire autrefois comme aujourd'hui et si nous voyons, depuis plusieurs années, la fabrication des étof- fes façonnées entièrement annihilée, la moire, peu après son in- troduction à Lyon, fut presque abandonnée. Au reste Badger ne fut pas le seul, parmi les ouvriers étrangers, à se plaindre de la fatalité, car un nommé Masson, peigneur anglais, demandait aussi des secours en 1767. Badger n'abandonna pas son alelier de moirage et d'apprêt, et à la date du 23 août 1790, après la suppression des Feuillans, on le retrouve adressant avec son fils une pétition aux administrateurs du département de Rhône-eï- Loire, dans laquelle ils demandent : 1° la conservation de leur pension; 2° celle de leur logement actuel ou tout autre aux frais du gouvernement ; 3° la propriété de l'emplacement qu'ils occupent dans l'enceinte des Feuillans. VI Nous voici arrivés à l'époque de la démolition politique et so- ciale et les prétentions de Badger disparaissent devant les événe- ments. Nous retrouvons cependant le nom de ses fils, dans la liste des malheureux qui montent surl'échafaud révolutionnaire: Pierre Badger, ouvrier en soie, âgé de 27 ans, condamné le 8 frimaire an IIe (28 novembre 1793), et Louis Badger, apprêteur, 35 ans, le 18 frimaire an IIe (5 décembre 1793] ; tous les deux natifs de Lyon et demeurant place de la Croix-Paquet ; et en effet l'atelier de moirage avait son entrée sur cette place. Je re- prendrai plus loin l'histoire de cet établissement. Dn Jes premiers actes de la révolution fut la suppression des communautés religieuses et la prise de possession de leurs pro- priétés par le gouvernement, ou, pour parler le langage de l'épo- que, par la nation. Les Feuillans subirent la règle générale, et dans la séance du Directoire du 6 juillet 1791, tout leur tènement, divisé en sept lots, fut mis en vente. Les administrateurs présents étaient : Fayole aîné, président, Margaron, Vial, Caminet, Lecour, Pavy