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                     CHRONIQUE LOCALE



    Avons-nous assez conféré, discuté, voté, plébiscité ! Quelle animation !
quelle violence de langage ! quelles menaces entre les partis et les journaux
leurs trompettes ! Affiches , circulaires , prospectus , avis, montagnes de
oui, déluge de non ! La presse gémissait jour et nuit et bien d'autres en-
core. Enfin, le 8 mai s'est levé radieux, les urnes ont été assiégées dans
toutes les sections, et il en est sorti        ce que vous ont dit les feuilles
timbrées, vulgà les grands journaux.
    Lyon a été aussi travaillé par les partis, aussi agité, aussi ému que toute
autre ville de Franee ; la fibre lyonnaise vibre facilement. Cependant au-
cune émeute n'a paru à l'horizon, aucun régiment n'a pris les armes, et la
tranquillité a été telle que les gardiens de l'ordre public en ont été in-
quiets.
    Devant ces émotions aussi profondes que variées, tout autre intérêt
semblait bien fade et bien léger. Les courses de vélocipèdes elles-mêmes
avaient de la peine à émouvoir la foule ; les recettes s'en sont ressenties,
et nous en gémissons. A présent, nous voici rentrés dans une ère de calme
et de tranquillité ; la littérature et le commerce vont fleurir ; la science et
l'industrie vont enfanter des prodiges, on s'occupera du percement des
Alpes ; on fera des wagons en long, l'art de diriger les ballons fera un pas;
 les hommes porteront des étoffes de soie, et notre Exposition universelle
deviendra un sujet habituel de conversation.
   Lyon a tout à gagner à cet avenir couleur de rose. L'Alcazar, la Rotonde
et Vslentino n'entendront plus la voix éloquente des orateurs , il est vrai,
mais les métiers chômeront moins ; les cafés seront un peu plus vides, les
ateliers un peu mieux garnis et les pauvres femmes retrouveront la tran-
quillité dans leur ménage.
   Les savants ne mettront plus la tête à la fenêtre pour savoir des nou-
velles, les peintres vont reprendre leur palette, les rêveurs leurs rêveries,
les écrivains leur plume, et le siècle de Périclès n'a qu'à se bien tenir.
   Déjà, dans la petite presse volante, viennent d'éclorc : Le Glaneur,
revue hebdomadaire industrielle et artistique des Expositions universelles
et des concours régionaux, premier numéro 28 avril; couleur industrielle
et modérée; moyens d'existence: les annonces, puis -.l'Étoile , journal
hebdomadaire, paraissant le samedi, titre modeste qui en dit plus qu'il
n'est gros, premier numéro J 4 mai ; couleur conservatrice et morale ; un
Rasoir adouci, repassé à l'huile et n'écorchant pas ; moyens d'existence :
le dévouement d'un groupe d'honnêtes gens.
   Ce ne sera pas le dernier mot, nous l'espérons, de notre journalisme
provincial ; il y a de nombreuses places à prendre, et de nombreuses jeu-
nes plumes à occuper.
   La librairie a fait paraître une Biographie de Mgr de Bonald, par
M. Blanchon, ouvrage écrit avec la conscience et la dignité qu'on pouvait
attendre du sujet et de l'écrivain ; Quelques solutions dont la connaissance
est utile (on aurait pu dire indispensable) aux banquiers et aux commer-