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424           LE PAGE BU BARON DES ADRETS.

du triple meurtre qu'ils venaient de commettre. Saisies
d'effroi et fuyant ces scènes de vin et de sang, les jeunes
femmes se dirigèrent avec empressement vers la rue
Mercière où régnait comparativement, la tranquillité.
   Cette voie, parallèle à la Saône, était à cette époque
la grande artère de Lyon. Là se trouvaient les profonds
comptoirs habités par une bourgeoisie active et travail-
leuse. Tandis que les opulents banquiers, les riches Ita-
liens, les Gadagne et les Bonvisi , tandis que les juifs,
déjà en relation commerciale avec toute l'Europe, tan-
dis que les nobles, les juges et le haut clergé se grou-
paient entre Saint-Paul et Saint-Jean, dans les beaux
hôtels dont l'architecture est encore aujourd'hui un sujet
d'admiration et un modèle, la rue Mercière était le ren-
dez-vous des merciers, des quincailliers, des libraires et
des imprimeurs. Là pendaient les enseignes célèbres
des Gryphes, des Roville et des Cardon ; là étaient ces
boutiques d'où l'érudition et la poésie se répandaient
dans le monde entier. Sur la rive droite de la Saône
étaient la richesse et le pouvoir, sur la rive gauche l'in-
telligence et l'avenir.
   — Enfin nous voilà sauvées, dit !a jeune bourgeoise
à celle de ses servantes qui l'accompagnait de plus près ;
et un sourire de satisfaction illumina sa ravissante
figure.
    — Je le crois, répondit la suivante ; mais, ajouta-t-
elle en frémissant, quel est ce bruit qui s'élève devant
nous et qui certainement nous menace de quelque nou-
veau danger ?
   Un bruit insolite et qu'on ne pouvait définir se faisait
entendre en effet à l'autre extrémité de la rue. C'était