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348           LE PAGE DU BARON DES ADRETS,

soldats découragés, rendre le lustre à nos drapeaux et
châtier les papistes au sein de leurs montagnes. Arthaud
d'Apchon vient de faire arrêter à Feurs et à Saint-Gai-
 niier nos ministres venus d'Issoire pour prêcher l'Evan-
gile; i! les a fait jeter dans les prisons, je vais les déli-
vrer; il a fait fermer les prêches, ja vais les rouvrir. Mais
avant, je vais assu.er l'ordre et la tranquillité de la
ville, et pour cela, je n'ai besoin ni de vos avis, ni de
vos secours.
    — Mon ministère m'appelle en ce moment vers les
consuls, répliqua Ruffi ; je puis donc vous accompagner,
et si vous n'avez besoin ni de mes conseils ni de mon
secours, ce sera par amitié que vous souffrirez ma pré-
sence.
    — Je n'empêche, reprit le baron, et tous deux, som-
bres et mécontents, s'éloignèrent de la forteresse avec
l'escorte qui les attendait hors des murs.
    Ils traversèrent ta porte de Bourgtteuf gardée par i.m
poste nombreux; là, un officier interrogea les soldats.
Nulle dame ayant l'apparence des fugitives n'avait para
dans la journée. Sur le pont de la Saône, une grande
rumeur avait lieu.
    Des cris de mort s'élevaient : Tue! tue! disait le popu-
laire ; à l'eau! à l'eau! à mort les papistes, les idolâtres,
les ensorcelés! clamait une foule qui se ruait, allant et
venant comme les vagues de la mer. Les pertuisanes de
quelques soldats du guet s'élevaient au-dessus des têtes ;
mais les hommes chargés du maintien de l'ordre étaient
trop peu nombreux pour arracher leurs victimes à la
rage des forcenés que la pensée du sang enivrait. Tue!
tue ! était le cri général, le seul mot qu'on entendît de-