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LE PAGE T)lî BARON DES AliRHTS. 349 puis Saint-Nizier jusqu'au milieu du pont, où trois mal- heureux se débattaient au milieu des mille bras qui s'é- levaient pour leur arracher la vie. L'un d'eux, qui luttait avec énergie, terrassait à cha- que coup les misérables qui portaient la main sur lui. D'une force herculéenne, audacieux dans son désespoir, il avait arraché à un de ceux qui l'assaillaient le bâton dont il avait été frappé, es faisant le cercle autour de lui, éloignant la foule, acculé contre le parapet, il vendais chèrement sa vie. Ce héros qui mourait pour sa foi était un gentilhomme de bonne maison qui avait porté les armes. Il avait ga- gné le grade de capitaine et commandé en cette qualité une compagnie dans l'armée du duc de Guise. Passant à Lyon en revenant de Napîes, il avait confié ses effets à un bourgeois qui lui avait fait bon accueil, et, confiant dans la probité du traître, il s'était rendu à Paris où ii avait vu les chefs de son parti. À son retour, il avait réclamé ses coffres, mais le bourgeois l'avait dénoncé au Consistoire comme tramant des complots contre ceux de la Religion, et le malheureux, accusé de papisme et de sédition, avait été enfermé dans le couvent de Saint- Bonaventure, converti en prison par les réformés. Son crime était d'avoir des richesses; sa faute était de les avoir divulguées à un misérable qui le faisait pé- rir pour s'en emparer. Ce jour-là , trois prisonniers avaient été arrachés à cette prison provisoire sous prétexte de les conduire dans les cachots de Roanne, où ils devaient être interrogés ; le second était le saint et zélé gardien du couvent des Cordeliers, le Père Jacques Gayetti, coupable, lui, de