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              LE PAGE DU BARON DES ADRETS.               347

à la recherche des jeunes filles disparues, Rufli parut,
courroucé et sévère.
    Revêtu d'une cuirasse comme un combattant, et l'épée
au côté, il se présenta devant le généra!.
    — A quoi pense le commandant des réformés, l'appui
de la Religion, celui en qui nous avions jadis espoir? dit-
il avec une hardiesse que rien n'intimidait. Je viens du
camp de Montbrun, et j'apprends qu'ordre a été donné
à l'armée de rester en dehors de la ville. Craint-on que
les catholiques ne soient terrifiés de la venue des soldats
du Christ ? L'orgueil des papistes est-il au point qu'il
nous soit interdit de trouver dans les murs de Lyon le
repos dont nous avons besoin? Pour m'éclairer, je viens
au foyer des huguenots, au centre de leur pouvoir, et,
dans la citadelle qui garle nos destinées, que trouvé-je?
 tous les esprits inquiets, toutes les têtes à l'envers, toute
 la garnison en rumeur, non de l'approche des Guisards,
non de la marche de Tavanne ou de Nemours, mais de
la sortie clandestine de troisfillettesqui ont eu le caprice
 d'aller à la messe parce que cela leur était défendu. Je
  croyais, général, que ceux de la Religion avaient de plus
 hautes inquiétudes, de plus grandes et de plus vastes
 préoccupations.
   — Ruffi, dit le général irrité, j'aime que les soldats
soient au camp, les papistes à la messe et les ministres
au prêche ; chacun est à sa place. Mais quand les soldats
montent, en chaire, que les ministres commandent les ar-
mées, tout va de travers, et c'est le cas ici. Vous voulez
savoir ce qui se fait? suivez-moi; je vais réparer les
fautes de votre ami Montbrun, qui s'est laissé battre par
 des paysans mal armés; je vais relever le moral de nos