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346            LE PAGE DU BARON DES ADRETS.
   — Dehors, si tôt? répondit le baron. Qu'on demande
aux servantes à quelle heure elles sont sorties et en quel
endroit elles sont allées?
   Les servantes n'en savaient rien.
   — Qu'on demande aux divers postes à quelle heure
ces jeunes dames ont quitté la forteresse et qui les ac-
compagnait?
   Les commandants de garde aux divers postes de la ci-
tadelle répondirent qu'ils ne les avaient pas vues quitter
le château.
   Beaumont se leva inquiet.

    Que signifie cette disparition? Serait-ce une fuite?
Comment, et dans quel but? Offrir sa main à une pauvre
fille abandonnée, lui, le baron puissant, !e général craint
et victorieux, c'était un honneur qui devait combler de
joie celle qui en était l'objet. Un refus ne pouvait être
à craindre. Cependant, la veille, Marguerite n'avait pas
donné un oui décisif. Sans doute, elle était allée, avec ses
compagnes, demander conseil à quelque personne pru-
dente et entendue, à quelque prêtre catholique, au Père
Emond Auger, ie fougueux prédicateur, ou au Père
Antoine Possevin, l'Italien intolérant. Mais alors pour-
quoi n'avoir pas prévenu de sa sortie? Pourquoi, même
 es sentinelles de la forteresse ne l'ont-elles pas vue sor-
  r? On les trouvera, qu'on les cherche; qu'on fouille la
citadelle et que des envoyés actifs se rendent de suite
dans les différents couvents ou les principales maisons de
la ville où on peut avoir espoir de les rencontrer.
   Pendant que la garnison était en rumeur, que la va-
letaille était sur pied et que foule de personnes étaient