page suivante »
IIF L'HOMME. 20!) « Ce que Jésus-Christ est venu chercher du ciel sur la terre, ce qu'il a cru pouvoir, sans se ravaler, racheter de tout son sang, n'est-ce qu'un rien? —Il ne faut pas, pour- suit Bossuet (1), permettre à l'homme de se mépriser tout entier, de peur que, voyant, avec les impies, que notre vie n'est qu'un jeu où règne le hasard, il ne marche, sans règle et sans conduite, au gré de ses aveugles désirs.» L'homme naît-il bon ? naît-il méchant ? — Ni. tous les hommes ne naissent bons, ni tous les hommes ne naissent méchants, puisque les hommes diffèrent essentiellement entre eux dès leur premier âge, et qu'on le constate dès qu'on peut discerner leurs penchants. La bonté est le fruit d'une certaine sensibilité, d'une certaine rectitude de sens; or, s'il est vrai qu'il y a beaucoup de natures sèches et d'intelligences incomplètes, il est non moins vrai qu'il y a des natures mal douées pour le bien. Disons que, de même qu'il naît des natures merveilleusement douées pour le bien, il naît en sens inverse des natures trop bien douées pour le mal ; et pourquoi n'en serait-il pas des hommes comme des autres animaux? Ni deux lions, ni deux loups, ni deux singes, ni deux chevaux n'ont ni la même force, ni la même adresse, ni le même caractère. — Comment les hommes, êtres plus complexes, différeraient-ils moins en- tre eux ? Au fond, les hommes ne sont ni nécessairement bons, ni nécessairement méchants ; mais la majorité des hommes est composée d'esprits faibles et,à quelques égards, d'ébauches d'homme. L'homme sans passions est sans ressort contre ses pré- jugés et ses préventions ; et celui qui ne sait pas haïr ne sait pas aimer. — L'homme qui n'a pas de hautes pas- sions, en a de basses ou de vulgaires. L'ambition et l'ému- lation sont les deux ailes de l'homme ; la religion seule peut lui tenir lieu de ces deux mobiles. L'homme et la bête sont en perpétuel conflit pour la pos- (1) Oraison funèbre. d'Henriette d'Angleterre.