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LES BEAUX-ARTS A LYON. 185 Nous n'osons plus nommer JeanMoni que, sur la foi de Papillon, tous les auteurs qui ont écrit sur la gravure ont accepté comme un graveur lyonnais remarquable. Notre savant bibliophile lyonnais, M Steyert, vient de prouver que ce nom représente un personnage imaginaire (1 ) et que les figures de la bible de Roville (2), le plus beau fleu- ron dont on faisait honneur à Moni, sont de Cruche. Cruche, qui est mentionné par Papillon comme un des graveurs sur bois célèbres du seizième siècle, fut appelé de Genève à Lyon, en 1564, pour les travaux de l'entrée de Charles IX. Son nom véritable est Pierre Eskrich, et il a signé un certain nombre de planches « Escrichus invenit. » Nous avons été surpris de ne pas trouver son nom dans l'in- ventaire de nos archives. Le succès des graveurs sur bois (3) ne doit pas faire oublier celui des graveurs sur cuivre ; l'une et l'autre gra- vure étaient pratiquées à Lyon. Les orfèvres, comme en Italie, s'occupaient volontiers d'estampes et prenaient par- fois le burin. On lit en effet dans la bibliothèque de Du Verdier : « Jean Duvet, orfèvre des rois François I er et Henri II, a pourtraict et taillé sur tables de cuivre les fi- gures de l'Apocalypse imprimées avec le texte du livre de l'Apocalypse à Lyon, in f°, par Jean de Tournes en \ 562. » Nous citerons encore Voeiriot, que nous avons déjà (1) Revue du Lyonnais, septembre 1868. (2) Voir Firmin Didot, Gravure sur bois, articles sur Jean Moni et Guillaume de Roville. (3) Papillon, I, 231, cite comme un chef-d'œuvre de difficultés vaincues , et ceci est un détail qui intéresse la fabrique lyonnaise , la planche de papier réglé dix en dix, gravée sur bois par Gotier. Nous ne savons pas si ce graveur était. Lyonnais : il faut en effet remarquer qu'au seizième siècle le tissage des étoffes façonnées était aussi florissant à Tours qu'à Lyon.