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AUTOUR DE LYON LETTRES ÉTYMOLOGIQUES u. L'ILE BARBE ET LES DEUX RIVES. Une singularité de notre caractère national, M. le baron, c'est ce penchant malheureux qui nous porte à nous déprécier nous- mêmes. Les études celtiques, par exemple, comptent de très- nombreux détracteurs dans la France qui fut le pays des Celtes. A la réserve d'un petit nombre d'esprits d'élite, qui daigne s'occuper parmi nous de l'idiome de nos très-vaillants et très- étourdis ancêtres, cet idiome que la pointe de leur épée implanta sur le continent européen du Tage au Danube, dans les Iles Bri- tanniques et jusques dans l'Asie Mineure ? Tout ce qui a trait au , langage des Druides nous inspire un tel dédain que nous lais- sons aux étrangers le soin d'en réunir, d'en coordonner les vé- nérables reliques. Avec ces précieuses épaves de notre première gloire, de laborieux savants reconstruisent, en Allemagne, en Suisse, en Angleterre, le lexique, la grammaire et !a philosophie de cette corporation fameuse qui donna pour base à sa doctrine l'unité de Dieu et l'éternité des âmes (1). L'érudition étrangère va plus loin : elle fait sienne, en quelque sorte, cette autre litté- rature, fille de notre sol, cultivée avec tant d'éclat, au temps passé, parles troubadours, au temps présent par leurs héritiers les félibres. Chose étrange ! Goudouli, Roumanille et ses poéti- ques rivaux trouvent dans la docte Allemagne leurs plus intelli- (1) ulémas esse animas, lilamquc alteram ad Mancs (P, Mêla, III, 2),