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BIBLIOGRAPHIE. 253 Nous partions, nous courions en chantant, en pleurant ; La Marseillaise en feu planait sur ce torrent. On se ruait pieds nus, sans pain, à l'arme blanche ; Les canons se taisaient noyés sous l'avalanche. Moi, je fis comme tous ; et, sans tarder d'un jour, Je quittai nia maison, ma vigne, mon amour, Celle qui dans ses flancs portait déjà Pernette, Et je passai le Rhin, croisant la baïonnette. Je marchai hardiment, fier, presque sans émoi, Comme si Ses boulets ne pouvaientrien sur moi, Tant nous avions au cœur une ivresse héroïque ! Et cinq ans je servis ainsi la République. Il continue et après une vive peinture de l'E mpire et de ses tyrannies, lui, le vieux soldat du Rhin qui connaît le devoir, comme il le dit, il délie Pierre et lui ordonne d'aller rejoindre les réfractaires dans les bois. Pierre obéit et devient leur capitaine. Tandis qu'on démolit la maison de sa mère, on envoie des troupes contre eux pour les cerner. Il faut prévenir les outlaws : Pernette s'en charge et part la nuit pour rejoindre son fiancé. Voilà l'argument des trois premiers chants ; ils sont d'une beauté achevée. Le quatrième se passe dans les montagnes ; il peint l'entrevue des deux amoureux. Ici le ton s'élève, et trop peut-être. L'esprit des montagnes ressaisit le poète des symphonies héroïques et de la mort d'un chêne ; il perd un peu de la netteté et de la sobriété exquises qui font le charme et l'originalité des trois premiers chants. Que de beautés cependant ! L'invasion est le thème des deux chants suivants. Pierre n'admet, pas l'intrusion de l'étranger ; ces hordes de bar- bares souillent le sol de la France ; il s'arme contre elles avec ses réfractaires et les chasse du village. Les alliés reviennent en force; les paysans s'enfuient dans les bois; l'ennemi, qui les y poursuit, est encore forcé à la retraite ; mais la dernière balle atteint Pierre et le frappe à mort dans les bras' de sa fiancée. Toutefois, le jeune chef ne