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246          UN ANGLAIS QUI PENSAIT PROFONDÉMENT.

leurs poches et ne lisaient pas le Siècle, ne s'en considéraient
pas moins, dans leur extrême simplicité, comme jouissant d'une
félicite relative qui, sous le modeste poids des plus mesquins
impôts, les laissaient sans humiliation et sans jalousie contre les
gros et orgueilleux impôts de leurs voisins les plus favorisés à
cet égard. Turin, il est vrai, n'avait ni grand ni petit Parlement
à offrir à l'admiration des étrangers. Mais indépendamment de
l'éléphant de la ménagerie de Stupiiii, dont la prodigieuse masse
fit dire à Balzac, qu'il croyait voir un budget constitutionnel
monté sur quatre pattes, et dont l'aimable naturel et la bonne
éducation offraient à la curiosité des visiteurs des distractions
toujours les mêmes et.toujours nouvelles, Turin, disons-nous,
par la vie intellectuelle qu'y entretenait l'impulsion du monar-
que, par les savants, les artistes, les hommes d'élite dont cette
capitale présentait la réunion, par le luxe de sa noblesse, le bien-
être général de sa population, la sécurité parfaite que l'on ren-
contrait dans sa prévenante hospitalité, passait pour un des sé-
jours les plus agréables de cette époque sans railways, mais non
tout à fait sans charmes.
   Je devais bientôt en juger moi-même.
   De graves intérêts m'appelaient à Turin. Les affaires qui mo-
tivaient mon voyage m'obligèrent à une halte à Chambéry. En
toute autre circonstance, j'eusse accepté comme un heureux
contre-temps , celui qui eût prolongé nion séjour dans une ville
que je voyais pour la première fois et qui réunit à l'intérêt qu'elle
offre en elle-même, la séduction des plus délicieuses campagnes,
mais je ne faisais point un voyage de touriste ; je voyageais pour
arriver et non pour voir, et ce ne fut pas sans contrariété que je
ne trouvai de pince disponible ni au courrier, ni aux diligences
Bonafous, seuls services réguliers existant à cette époque entre
la capitale de l'ancien duché de Savoie et celle du Piémont.
   Le hasard m'en réservait une, heureusement, dans un voiturin
qui de Genève, où il avait transporté une famille anglaise, faisait
retour sur Milan , et je me hâtai d'en profiter. Mon adjonction
complétait le chargement qui se composa ainsi de six voyageurs:
deux négociants genevois, un jeune Français, sous-liculcmuit au