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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 479 Le baron des Adrets prit par le bras le vieux prévôt et tremblant, le mena dans la salle du réfectoire où étaient les religieux terrifiés qui, tous recommandaient leur âme à Dieu. Ils savaient que le terrible chef des huguenots n'épargnait pas ses victimes. Il fit asseoir le prévôt à ses côtés. Tu vois, lui dit-il, que je ne suis pas aussi féroce que l'annonce la renommée. Si tu te conduis bien, bon père, toi et les tiens aurez la vie sauve. Vous avez déjà commis une imprudence qui a coûté la vie à un des vôtres; vous avez sonné la cloche d'alarme pour appeler à votre secours- Mais, sachez-le, je suis le maître de tout le pays ; et j'ai une compagnie qui n'attend que mon signal pour venir tous vous égorger et vous pendre à vos créneaux, l u as ici des mon- ceaux d'or et des objets d'art de la plus grande valeur. Nous allons nous entendre ; je suis bon prince aujour- d'hui. Tu me donneras tout ton or, ton argent, tes pierreries. Maintenant tu estimeras tes objets d'art qui ne sont pas d'or et d'argent, les ornements, tout enfin et sans oublier ton riche mobilier» Tu possèdes soixante-dix églises, cinquante seigneurs courbent le front devant ton monastère ; tu as encore de nombreux prieurés tous ri- ches. Je n'estime pas les terres, les bâtiments, tu vois que jesui's généreux, puis une infinité de choses que je passe sous silence. Tu nous livreras tous les trésors de l'île Barbe, nous te laisserons ton couvent intact ; et combien nous donneras-tu de rançon pour ta tête et celle de tes moines, sans oublier les gradés dans ton ordre? leur rançon doit être plus chère.