page suivante »
47S LE PAGE DU BARON DES ADRETS. monta sur la tour pour préparer les signaux de détresse. Ce qui l'inquiétait c'est que le gouverneur ne lui avait envoyé aucune barque, sachant ponrtant que leurs communications étaient interrompues. Les signaux prêts, il redescendit, mais il n'était pas arrivé au bas de la tour, qu'il trouva un moine tout essoufflé, envoyé par le portier pour lui annoncer que le gouverneur de Lyon lui envoyait un messager qui avait traversé la rivière au péril de sa vie. Où est-il ? s'écria le prévôt, qu'on lui ouvre la porle de suite. Allez, courez vite, et lui-même malgré son grand âge, se mit à descendre, aussi vite qu'il put, les escaliers étroits de la vieille tour. La lourde porte s'ouvrit sur l'ordre du prévôt, mais au lieu du messager, ce furent les soldats du baron des Adrets qui entrèrent et qui saisirent le portier avant qu'il eût pu pousser un seul cri. Lorsque le prévôt arriva, il fut épouvanté à la vue de ces hommes à figure sinistre. Le baron o'es Adrets, le feutre à la main, un sourire railleur sur les lèvres, s'avança au devant de lui. Je suis, dit-il, le sire de Beaumont, baron des Adrets, gouverneur de la ville de Lyon. La foudre fût tombée à l'instant que le prévôt n'eût pas été plus interdit. Pendant ce temps les soldats se jetaient dans le couvent, et s'emparaient de la salle du réfectoire où venaient de se réunir tous les religieux, qui furent garrottés avant d'avoir eu le temps de se recon- naître. Un moine seul put s'échapper et alla sonner la cloche d'alarme; mal lui en prit, car il paya de sa vie son courage.