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388 UE PAGE DU BARON DES ADRETS. Malgré les minutieuses investigations de l'officier, il n'avait pas vu un petit judas pratiqué dans l'angle de la cheminée, où jamais notre prudente hôtesse ne manquait de venir écouter les mystérieuses conversations de la chambre nommée des complots. Si elle n'était pas géné- reusement payée, ou si elle avait quelque motif de se plaindre de ceux qu'elle écoutait, elle les dénonçait sans aucun scrupule. A peine nos deux conspirateurs eurent- ils échangé quelques mots qu'ils entendirent les fanfares qui sonnaient le ralliement. Alors le cynique o0icier dit à Cornes-du-Diable : — Mon brave, nous avons fait, la nuit dernière, assez de bonne besogne pour la gloire de Dieu et du diable, nous ne nous battrons pas aujourd'hui. J'ai, pour ma part, égorgé assez de femmes et de moines, j'en ai le bras fatigué. Et toi, Cornes-du-Diable, tu dois avoir la tête un peu lourde du fameux coup de poing du baron des Adrets ? si tu n'avais pas eu ton pot de fer sur la tête, tu étais un homme mort. Quel dommage, ma foi, pour le vin et le jeu, qu'un brave comme toi pérît ainsi. Mais, par l'enfer, on ne doit jamais dire et faire connaître ce que l'on désire. Tu es cause que notre projet sera plus difficile à exécuter. Heureusement que j'ai une tête, et toi un bras. Mais buvons, morbleu, ce vin est par- fait, et si jamais je puis m'emparer du château de From- mental, je boirai tout le vin de ses caves. Et nos deux conjurés burent et mangèrent à satiété ; et tout en bu- vant ils discutèrent leurs projets. — Crois-tu, disait l'officier, que nous soyons assez forts pour lutter avec Bras-de-Fer ? Quant au page, quoiqu'il soit très-adroit, je me charge de son affaire. Mais ce