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               LE PAGE DU BARON DES ADRETS.              389
 Bras-de-Fer ferait reculer des compagnies. Ah si je pou-
 vais lui verser dans son vin une petite poudre que je porte
 toujours sur moi, ce serait bientôt fait ; mais il n'est pas
 avec nous, et nous ne pourrons utiliser ma jolie petite
 drogue qui me sert si bien dans certaines occasions. Il
 nous faudra agir de ruse. Il faut, sans plus tarder, qu'à la
 nuit tombante nous soyons prêts. Moi je compte sur
quelques bons gaillards qui sont discrets, et qui seront
joyeux d'être de la partie. Et toi, Corues-du-Diable, as-
tu quelques camarades de ta trempe ? de la discrétion
surtout ? car si le baron des Adrets avait vent de notre
affaire, nous serions bientôt écorchés vifs, ce à quoi je ne
tiens nullement. Gornes-du-Diable réfléchit un instant,
et quoiqu'il eût vidé nombre de brocs de vin, sa tête
et ses jambes étaient encore solides. —• Moi, dit-il, j'ai
de bons gaillards aussi déterminés que moi. Nous nous
 étions déjà entendus, et la preuve c'est qu'ils sont dans
 la salle basse à boire et à chanter. Nous devions travailler
pour nous cette nuit, ne pensant pas, seigneur, que vous
nous feriez l'honneur d'être des nôtres. Puisqu'il en est
 ainsi, que nous nous rencontrons sur le même terrain,
j'espère que nous unirons nos forces dans d'autres cir-
constances, et _que l'affaire de cette nuit sera le pacte
eutre nous. Je vous suivrai donc dans tout ce que vous
me commanderez, mais à une condition : c'est que,
c'est moi qui choisirai la plus belle perle du trésor, par
une bonne raison, c'est que c'est moi qui le premier ai
 conçu le projet ; et, foi de Cornes-du-Diable, je ferai
 comme je l'ai dit, or, jurez moi, mon officier, que vous
tiendrez parole, ou il n'y a rien de fait entre nous.