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134 L'ORIENT D'KUROPE AU FUSAIN. grecs ; on y trouve beaucoup de peintures et un jubé clos. La cérémonie terminée, Stop dessine rapidement quel- ques portraits et s'abouche avec un des pères qui parle italien. Nous demandons un guide pour nous conduire. Le révérend, qui du reste est assez crasseux, refuse de nous donner un des petits apprentis moines que nous lui désignons et s'offre lui-même; c'est vraiment trop d'hon- neur pour nous, et nous éprouvons quelques regrets à voir ce vénérable vieillard à barbe blanche nous précéder dans le rude sentier. Pendant ces pourpalers, la patrouille, que nous avions rencontrée en route, était arrivée au couvent et faisait mine 'de nous escorter. Nous commençons à flairer une gracieuseté de l'ambassadeur de France qui savait notre projet d'excursion. En effet, les soldats déclarent qu'ils doivent accompagner deux grands seigneurs; or, les grands seigneurs, c'est nous. Notre armée inattendue ne laisse pas que de nous em- barrasser un peu , d'autant que nous sommes persuadés de l'absence de danger ; on monte au Pentelique tous les jours sans rencontrer le moindre brigand. Pourtant les ordres qu'à reçus le caporal sont formels,et,malgré notre instance pour monter seuls, il nous faut subir l'escorte. On aura longtemps beaucoup de peine à bien com- prendre, en France, le brigandage grec. Il diffère com- plètement du banditisme corse occasionné par le malen- tendu des vendettas et de la police. Il n'a non plus aucun rapport avec le banditisme italien et la piraterie des îles, issus de la paresse et de la misère des indigènes. Le brigandage grec est une institution qui a ses ra- cines dans les idées politiques et religieuses les plus vi- vaces. A l'époque de la guerre de l'indépendance, les cou- rageux palicares entreprirent de protéger les cultivateurs *