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           SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE.              323

béenne de ceux-là mêmes qui l'avaient apprise d'Isaac, évê-
que de Genève. Ce dernier la tenait de Théodore, évêque
d'Octodurum, qui assista au concile d'Aquilée en 381 et qui
pouvait avoir appris le martyre de saint Maurice arrivé dans
son propre diocèse, de ceux-là mêmes qui en avaient été les
témoins oculaires.
    Voilà, certes, une filiation bien claire et nettement établie ;
mais il y a bien d'autres arguments.
    Plaçons en première ligne le témoignage de l'auteur
anonyme de la vie de saint Romain, abbé du Jura en Bour-
gogne , qui atteste qu'au commencement du Ve siècle,
une église en l'honneur des martyrs Thébéens existait à
Agaune.
    Saint Avit, évêque de Vienne au commencement du VIe
siècle, a prononcé une homélie k Agaune à l'occasion de la
restauration de cette église qui tombait en ruines à cette
époque. Sirmond rapporte le titre de ce discours : « Dicta
in basilicâ sanctorum agauncnsium in innovatione monas-
leriis ipsius; vel passione martyrum. »
    Cette église, qui tombait en ruines au commencement du
VIe siècle, avait dû être édifiée peu ,de temps après le
martyre de la légion, c'est-à-dire au début du IVe siècle,
après la'persécution de Dioclétien. Comment admettre,
dans le pays , sur les lieux mêmes , très peu d'années
après le fait, l'érection d'une basilique dédiée à des martyrs
imaginaires? Est-ce que les contemporains n'auraient pas
 protesté? Le culte des martyrs d'Agaune, qui fut dès le début
 si florissant, aurait-il été possible si le massacre lui-même
 eût été une fable? Le simple bon sens fait la réponse. Non,
 une génération entière de contemporains et de témoins même,
 n'a pu errer et se tromper sur un point aussi capital. La
 tradition qui, dès l'origine, s'est dégagée nette et précise de
 la mémoire des contemporains, pour se projeter sans varia-