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324 SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE. lion ni solution de continuité à travers les âges, ne peut être une tradition mensongère. Quant au silence de ceux des historiens qui n'ont pas mentionné le lait, on peut répondre avec avantage qu'Eusèbe a omis dans ses récits beaucoup d'événements accomplis en Europe. Il s'est principalement occupé de ce qui se passait en Orient. Paul Orose et Prudence vivaient en Espagne, loin du théâtre de l'événement. Sulpice Sévère a dit lui- même que par nécessité d'abréger, il se voyait obligé de passer sous silence beaucoup d'illustres martyrs. Le silence le plus embarrassant est celui de Lactance qui, dans son livre De mortibm perseculorum, a relaté tant de faits odieux de Maximien. Quant à dire qu'il est peu croyable qu'une légion entière fût composée de chrétiens, cette objection est peu sérieuse alors que les historiens mentionnent l'existence de la légion fulminante, également toute chrétienne, dans l'armée d'An- tonin, a une époque bien antérieure. Les actes ïhébéens des Bollandistes nous apprennent que la légion avait ses quar- tiers d'hiver à Thèbes, dans la haute Egypte, dans une région déjà peuplée de chrétiens et de solitaires, toute imprégnée de la ferveur ardente et primitive des néophytes ; que de plus elle venait de tenir garnison à Jérusalem, au milieu des scènes vivantes de la passion du Christ, et qu'elle y avait été presque entièrement convertie par les prédications de • l'évêque Hyménée; que de plus encore, elle avait passé 'a Rome, en se rendant en Gaule, et qu'elle y avait reçu les puissantes et vives exhortations du pape Caïus. Il n'y a donc 'rien d'étonnant à ce qu'elle fût presque en totalité engagée dans la foi chrétienne. L'objection tirée de ce que Maximien, reconnu pour bon général,ne se serait pas privé ainsi du concours d'excellentes troupes au moment d'entrer en campagne, semble avoir plus