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138 HOMÈRE. rivalités de l'Olympe homérique sont peut-être l'indice per- sistant, ont fini par se fondre dans une religion -commune à mesure que l'unité des diverses tribus helléniques s'est constituée. On doit sans doute se servir, pour ce travail, de cette Thèoçjonie où Hésiode, à une époque voisine d'Homère, ?, recueilli et coordonné les anciennes traditions sur les dieux; mais il est permis aujourd'hui d'aller plus loin. L'étude de la langue et des monuments littéraires de la race indoue a fait faire de uos jours à la science mythologique un progrès immense et inattendu. Elle fait reconnaître dans plusieurs divinités grecques une image lointaine, mais incontestable, de ces personnifications des forces naturelles que chantent les Fédas; et ces rapprochements, qui prouvent si bien la filiation et l'origine du peuple grec, peuvent compter parmi les plus remarquables découvertes de notre temps. Mais en faisant ainsi l'histoire de la mythologie grecque, il ne faut pas perdre de vue que nous avons à la juger, à en apprécier la valeur religieuse et morale, à voir par quels côtés elle a honoré l'esprit humain, et aussi ce qui lui manquait pour sa- tisfaire aux exigences du sentiment religieux et contenir ou épurer les passions. Digne de notre respect et de notre reconnaissance pour avoir affranchi l'âme humaine du som- bre fatalisme des cultes orientaux, elle ne peut se disculper d'avoir lâché la bride au,x appétits sensuels, et même quel- quefois, Montesquieu l'a remarqué à propos de Corinthe, d'avoir par des mythes impurs enseigné le vice et corrompu les mœurs. Par la nous comprendrons mieux ce que nous devons a la philosophie qui vint balayer ces fables, et sur- tout au christianisme qui leur a substitué ia vraie notion de la Divinité. Enfin, si Homère est l'historien et le théologien de la Grèce primitive, c'est surtout un poète, et dans une étude d'en- semble ce point de vue ne saurait être négligé. Mais on a