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                 LA KAIÃŽMACH1E LA'ON'SAISE.         '107

Se sentant appuyés des vœux d'un cœur ami.
Le peuple, dès l'abord s'indignant à demi,
Car la règle du jeu lui semblait violée,
Avec des cris malins les condamnait d'emblée,
Et quelques vieillards seuls d'un cœur moins inhumain
Accueillaient ces enfants se tenant par la main ;
Puis, chacun fut séduit par leur douce figure
Et ce fut au milieu, d'un bienveillant murmure
Qu'on les vit avancer en ce commun début. .



Bientôt leurs pieds prudents les menaient près du but
Et déjà le premier se préparait à prendre
La coupe dans sa main qu'il n'avait plus qu'à tendre,
Quand, soudain, le second sur le mât tombe assis :
« Lâche-moi, criait-il à l'autre ; prends le prix ! » '
Et dans le même vœu la foule se rassemble :
« Laisse-le 1 Prends le prix?—Nous le prendrons ensemble
Puisque nous sommes deux ! » répond le brave enfant,
Qui craint de se montrer ingrat en triomphant.
Se tournant, à ces mots, dans le chemin qui ploie,
Il étreint son ami, le soulève avec joie;
Mais ce beau dévoûment est fatal à tous deux :
Le lutteur faible perd le lutteur généreux;
Ensemble, pas à pas, montés jusqu'à la cîme,
Ils tombent en paquet dans le mouvant abîme.


Compagnons d'amitié, de jeux et de vertus,
Ainsi firent jadis Euryale et Nisus.
Après avoir longtemps massacré sans scrupules
Les guerriers endormis dans le camp des Rutules,
Près de toucher un prix chèrement acheté,
Nisus voit tout à coup Euryale arrêté.
Sa douleur aussitôt dans sa rage s'exhale :
Ce n'est pas triompher vaincre sans Euryale.