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108 LA NAUMACHIE LYONNAISE. Le sort de son ami doit être aussi son sort ; Ne pouvant le sauver, il partage sa mort. Dans leur échec touchant le peuple de la ville Applaudit ces héros, sans connaître Virgile, Et plus d'un beau regard se voile alors de pleurs Qui n'avaient pas encor coulé pour les vainqueurs. A peine, cependant, ils sont tombés ensemble, Et la troupe envahit le mât, qui toujours tremble. Les jouteurs ne voient laque deux rivaux de moins Et de leurs lents progrès impatients témoins, , Ils brûlent de remplir le chemin laissé vide. L'un des chefs, contenant la bande trop avide, Force les champions à passer tour à tour. Alors, sur un signal que donne le tambour Dès qu'un des prétendants tombe dans, la rivière, Vingt lutteurs en bon ordre abordent la carrière. L'un, dès le premier pas, d'un pied mal affermi Glisse dans le chemin, se relève à demi, Puis, tandis qu'il s'efforce à reprendre sa place, Fait encore un faux pas et tombe dans l'espace ; L'autre, qui marche assis et qui s'aide des mains, Sans doute importuné par les cris des gamins, D'un facile succès faisant le sacrifice, Rend d'un saut volontaire hommage à la justice. Un autre vers le prix près d'arriver à point, Naufragé vers le port, se retient par le poing ; Suspendu sous le mât qu'il étreint avec force De ses membres raidis cherche à pousser le torse, Et, grimpant à l'envers, semblable à l'écureuil, D'un air d'espoir encor sur le prix garde l'œil, Maudit ce mal humain qu'on nomme la distance, Se trémousse à grand'peine et par degrés s'avance,