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106               LA NAUÃIACHIE LYONNAISE,

Avant qu'on ait bien pu juger de sa manière,
Il a presque touché le bout de la carrière,
Où pend à son cordon le gobelet d'argent ;
Mais il tombe et son pas va finir en nageant.

Alors, on voit venir en cette route étroite
Un athlète nouveau, que le fleuve convoite,
Un homme déjà mûr, qui va d'un pas prudent
Et fait un vrai contraste avec le précédent.
La multitude rit et l'attend avec joie,
Car le mât tout entier sous sa pesanteur ploie,
Tant il est ventru, large, épais, rond, court et gras :
Un craquement se fait à chacun de ses pas ;
Devant lui son gros ventre à tout moment chancelle
Et sur son rouge nez une sueur ruisselle,
Si grande, qu'on le croit déjà sorti de l'eau.
Il y rentre avant peu : d'un si pesant fardeau
Le long mât qui fléchit bientôt se débarrasse
Et semble avec plaisir le lancer dans l'espace.

Lorsque les bûcherons ont longtemps ébranché
Un chêne séculaire au bord du Doubs penché,
Us poussent sur le flanc son écrasante masse,
Qui roule, bondit, va, se faisant partout place,
Et, suivant la montagne enfin jusques au bord,
Se plonge avec fracas dans le flot bleu, qui dort.
Le gros Silène ainsi roule, tombe, éclabousse
Et vient perdre son poids dans l'eau, qui le repousse
Aussitôt que cet homme a cédé le chemin,
Viennent deux jeunes gens se tenant parla main,
Sans doute deux amis qui dans la même bourse
Comptent mettre le prix de cette double course.
Us avancent en semble, allant d'un même pas,
Se soutenant l'un l'autre en étendant les bras.
Comme leurs membres sont plus fermes par l'étreinte,
De même leurs deux coeurs bannissent toute crainte,