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LA NAUMACH1E LYONNAISE. Et, cessant de darder sur la foule en émoi, Il ya prendre à revers le mont de Sainte-Foy, Les balmes de Choulans, le clocher de Fourvière Et jeter leur profil en bas, sur la rivière. La troupe des jouteurs par un coup de tambour Annonce qu'on poursuit les spectacles du jour. Chacun lève les yeux à ce bruit, et remarque Un long mât, qui, partant de la plus grande barque, Occupe maintenant le milieu du bassin. Sur ce bois incliné, que l'on vient à dessein D'oindre avec du savon, afin que le pied glisse, Dans cet étroit chemin, remuant, rond et lisse, Déjà l'un des jouteurs s'avance à petits pas. Il marche, en étendant des deux côtés les bras, Cherchant dans l'air l'appui que le sol lui refuse ; Mais il n'y trouve rien, et la foule s'amuse De le voir en suspens, faire un pas, hésiter, Glisser, se retenir, puis enfin s'arrêter. Ses yeux autour de lui vont mesurant l'espace, Regardant l'eau, les gens, semblant demander grâce ; Mais chez les speotatenrs, qu'irritent ces délais, Il entend s'élever des cris et des sifflets. Aussitôt, saluant la foule qui le hue, Le malheureux se baisse et repart, l'âme émue, Les bras en balancier, sans trouver un appui Dans ce peuple.railleur qui tourne autour de lui. Ses pieds sont encor sûrs et sa tête est absente. Il sent de toutes parts la foule impatiente, Qui semble détourner ses pas tremblants du prix. Devenu maladroit, et perdunt ses esprits, Il ne Surveille plus sa marche irrégulière Et tombe enfin dans l'eau, la tête la première. Un autre, sur le mât déjà s'aventurant, Suit une autre méthode et s'avance en courant.