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POÉSIE. Parmi tant de fantasques œuvres. J'aime ces jongleurs de Siam, Agaçant à coups de tam-tam Un vivant buisson de couleuvres ; Et ces magots frais et fleuris Dont la grosse tête rasée Sur un plat à barbe est posée. Attendant la poudre de riz; Et tous ces autres dont les bouches Ont des sourires goguenards, A jambe torse, à pieds panards Étreints dans de rondes babouches. Les uns font la nique aux passants, Tout en lissant leur barbe noire Et, comme un potiron d'ivoire, Leur occiput branle en tous sens. D'autres pèchent en barques plates, Dans un fleuve d'îlots couvert Et leur ligne sort du flot vert Avec des poissons écarlates. Mais voici de plus doux tableaux Dont la grâce attire et pénètre !... Quelqu'un se penche à la fenêtre De ce pavillon à grelots.... C'est une femme !.. elle est divine.... Vers elle on veut tendre les bras ; Sous les plis du sarrau lilas Quels charmes que ceux qu'on devine !... On dirait que le regard pur De ses yeux — qui sont deux pervenches — S'attache aux hirondelles blanches Volant deux à deux dans l'azur. Les yeux troussés, la joue heureuse, Une fillette au doux caquet Plus loin conte à son perroquet Sans doute une histoire amoureuse. J'oubliais ces beaux pélicans Penchant leurs têtes assoupies, Quand autour d'eux, comme des pies, Les mouettes font des cancans.