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470 VOYAGE DE LYON A YENNE. Le vicomte de Garbe, capitaine d'artillerie de marine, commande Pierre-Châtel, redoute isolée dans la montagne. Les ministres de la police et de la guerre y font concentrer de Fenestrel, de l'Ecluse, de Joux et de Besançon, leurs pri- sonniers les plus notables. On espère que l'ennemi passera, sans s'occuper de ce point perdu sur l'immense carte natio- nale que'nos baïonnettes ont tracée avec le sang de l'Europe, ou que le flot se divisera devant ce rocher inutile, mais inaccessible. Et c'est ce qui a lieu tout d'abord. Aix, Genève, Belley, Lyon sont inondés avant que Pierre- Châtel ait vu les hordes autrichiennes défiler le long de ses balmes sinueuses. La position de Garbé n'en est pas moins critique. 400 prisonniers de toutes nations encombrent le vieux cloître. Le murmure lointain du cataclysme monte jusqu'à eux, Pour se soulever, ils n'attendent que l'occasion. Mais la garnison?.... cinquante vétérans, âgés, infirmes et pour la plupart chargés d'enfants!..., Point de munitions, point d'approvisionnements, à peine les vivres du jour et, chose plus terrible encore, pas d'ins- tructions ! En efl'et, le capitaine touche à l'heure pleine d'angoisses où les plus fermes convictions hésitent, où la volonté chan- celle, où l'irrésolution succombe. La ligne du devoir est une sans doute ; mais lorsque tout autour s'amoncellent les nua- ges politiques, elle cesse parfois d'apparaître clairement aux regards; la foi intelligente se prend à raisonner et se pose cette sombre question : après?.... Alors, si la force morale manque à l'homme, il est perdu. Les exemples de grandes défaillances ne sont pas rares dans nos annales. Ah certes! dans nos luttes de partis, le vaincu qui a résisté