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CINQ JOURS A DRESDE. 413 hasard il n'était pas subitement devenu sourd. Enfin il prit le parti de s'en aller en grommelant. Pour nous, nous continuâmes notre chemin et à chaque veilleur de nuit qu'on rencontrait, la plaisanterie recom- mençait. Puis après nous être bien embrassés, bien pressés poitrine contre poitrine, bien baisés à la mode germanique, après de vigoureuses poignées de mains, après de longues et formidables étreintes, chacun s'alla coucher. En me réveillant au matin, je me sentis tout courbaturé et moulu comme si l'on m'avait roué de coups ; mes mains meurtries ne pouvaient plus s'ouvrir et mes bras endolo- ris ne pouvaient plus remuer. Je me crus malade. Mais je réfléchis que c'était la conséquence de l'affection que m'a- vaient témoignée les étudiants en prenant congé de moi. Je plaisante, mais je ne puis me rappeler ces instants passés à Leipsig, sans être ému profondément et je puis dire que les Pauliners ont gardé une large part de mon amitié. En quittant mon hôtel, j'en retrouvai qui montaient la garde devant la porte en nous attendant. Après une pro- menade faite ensemble dans le jardin qu'on appelle « la vallée des roses , » probablement parce qu'il n'y a pas de roses, ils nous accompagnèrent jusqu'au chemin de fer que nous prenions pour revenir directement à Lyon. Et, de retour en France, je me demandai si, nous aussi, nous ne pourrions pas avoir de ces grandes fêtes qui élè- vent l'âme et perfectionnent le cœur? Pourquoi pas? je sais bien qu'avant tout il faudrait être musiciens et que c'est à peine si nous bégayons la musique chorale. Mais, qu'importe ; si nous nous sommes laissé devancer d'un demi-siècle par nos voisins, nous savons faire des pas de géants et ce que nous avons-réalisé depuis quelques années, nous fait voir ce que nous pouvons faire encore. Il est incontestable que la musique a pris en France un développement subit et formidable Chaque clocher de vil-