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VOYAGE BE LYON A YENNE. 389 ni erreurs, toujours attrayant, toujours instructif!... Et tu n'as même pas besoin de tourner les feuillets!... Mais, pau- vre sol, si tu veux te distraire, regarde, écoule. Tu auras de quoi rire et de quoi pleurer. Et toi, cocodès imberbe, qui es la cause de cette tirade, et qui t'absorbes depuis ce matin dans une lecture malsaine, jette au Rhône les mémoires de M"8 ***, et viens, si lu es homme, admirer l'œuvre de Dieu. Tu lombes sur un beau chapitre. Dans ce ciel rayonnant, dans ce fleuve rapide, dans ces entassemen's de montagnes, lu liras : PUISSANCE. Dans ces vignes fécondes, dans ces mois- sons dorées, lu liras : AMOUR. Mais non, en fait d'art, de poésie, de nobles aspirations, lu~es comme le bambin au sifflet en fail de politique tota- lement étranger à la question. Ce qui t'émeut, ce sont les roulades de Thérésa, les triomphes de Gladiateur et le cours de la Bourse. Tu représentes une génération qui ne nous vaut pas, nous qui ne valons pas nos pères. Je tremble pour tes enfants si tu en as. Le gros Flamand bourre sa cinquantième pipe. La famille aristocratique s'administre un goûter confortable.-M. E. vi- site nos provisions. Hélas! le jambon est liquide ; il ne man- que que du citron et du sucre pour faire un bichoff du res- tanl de ia gourde. On lient conseil. Dinera-t-on au restau- rant de l'Hirondelle?... Attendrons-nous jusqu'à Yenne? Le résultat est que l'on ne dinera ni sur l'Hirondelle, ni à Yenne, mais qu'il faut se procurer de l'eau fraîche. La bu- vette nous en délivre à 36 degrés; excellente boisson pour faire trouver frais le vin tiède et le lard fondu! Bah! nous n'en souperons que mieux à P..., où nous devons pas- ser la nuit. M. E. découvre une pêche au fond du sac, partage le fruit et jette le noyau. Un bonhomme propret, à figure honnête et