page suivante »
370 MARSOLLIER DES VIVÈTIÈRES.
Aux champs on vaut mieux, peut-être !
On a moins de fausseté;
Si l'on est moins heureux d'être,
On l'est plus d'avoir été.
« Entendez-vous celui-là ! le repos de la conscience !
Oui, je laisse à votre sagacité le soin d'apprécier la finesse
de cette pensée que je soupçonne plus que je ne l'entends.
Mais vous reconnaissez le genre, le cachet, c'est de notre
fabrique. Adieu. »
« Montfort-Lamaury, an n.
Sans contester la sagesse ordinaire des jugements du
public, il est permis d'affirmer qu'ils n'échappent cepen-
dant pas toujours à d'injustes préventions. Les intrigues
d'une basse jalousie ont même plus facilement prise sur
les masses que sur les individus. Marsollier, paraît-il, a
souffert de ces préventions peu méritées et de ces sourdes
menées ; mais il savait parfois prendre sa revanche, du
moins la lettre suivante autoriserait à le penser.
« J'ai reçu une fort jolie lettre de vous, mon cher ami;
je vous en ai répondu une bien sotte à Toulon, et celle-ci
ne vaudra guère mieux ; elle vous assurera toujours de ma
tendre amitié, et à ce titre elle vous sera agréable, j'en
suis sur. J'ai donné ici une parade, j'ai un poco mystifié
mon maître, le citoyen public, et il a donné dans le pan-
neau. L'IRATO a été joué et applaudi comme l'ouvrage Del
famoso Fiorelli, et il n'était que du Français Méhul et
de votre serviteur. La musique est délicieuse, le poème
gai, fou, mais sans intrigue ni intérêt. Enfin, on y vient,
on y rit, on y paye, et si cela ne me vaut pas de gloire,
j ' e n aurai du moins quelque argent, ce qui n'est pas sans
mérite; il y en aura donc dans l'ouvrage; ergo, j ' a i
bien fait. Adieu allez-vous toujours en Egypte, et
quand partez-vous ?