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                        CINQ JOURS A DKESMî.                  331

    jeunes chanteurs ! Gemment, les jeunes filles descendent
    dans la rue au milieu du peuple pour donner des fleurs
    aux jeunes gens et causer avec eux! ! Je sais qu'en France
v
     on n'oserait pas faire cela et c'est pourtant ce qui don-
    nait à la fête de Dresde un caractère tout spécial de cour-
    toisie et de dignité. Sous prétexte de bonne tenue, nous
    isolons peu à peu les sexes, nous faisons des conférences
    de femmes et des assemblées d'hommes, et l'esprit de fa-
    mille s'affaiblit. Ne craignons pas de nous retremper dans
    la naïveté patriarcale des mœurs allemandes. On ne com-
    prend pas là-bas qu'un plaisir ne soit pas partagé par tous,
    femmes, filles, enfants et c'est là le plus sûr garant de la
    politesse et de la tenue qui président à toutes ces réunions.
    On me dira que la vue de ces belles enchanteresses peut
    avoir des dangers, eh, mon Dieu! je ne dis pas. Plus d'un
    ténor, voire même plus d'une basse, doit, en fermant les
    yeux, revoir devant lui cette double rangée de blanches
    vierges et sentir son cœur battre au souvenir de cette ravis-
    sante revue que nous passions sur la place deTHôtel-de-
    Ville!... Mais où est le mal?
       Hélas, le chanteur allemand ne vit pas seulement d'idées
    poétiques. Quatre heures de défilé sans boire ni manger ce
    serait rude, mais les Dresdois ont tout prévu, Laissant à
    leurs filles le soin de nous donner des fleurs et des parfums,
    de bons gros papas, le sourire aux lèvres, nous offraient des
    gâteaux et des verres de bière; ces verres étaient en pa-
    pier imperméable; on les vidait tranquillement en mar-
    chant, après quoi on les pliait et on les mettait dans sa
    poche; ils représentaient ordinairement des vues de Dresde
    et c'étaient de charmants souvenirs à emporter.
       Bientôt le son des cloches et. la grande voix du canon an-
    noncèrent l'arrivée du cortège au Sangerhalle ; à ce mo-
    ment la queue du défilé était encore au coeur de la ville, il
    avait par conséquent trois kilomètres de long.
       A 6 heures, commença le second grand concert. Mohr,
    Kretschmer, ïietz, Tschirch, Van Eyken et Rietz dirigé-