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332 CINQ JOORS A DRESDE. rent les chœurs de leurs compositions; Herbeck dirigea la Nuit de Schubert et un chœur de Reisziger; Rietz dirigea deux chansons, un chœur de Weber et les Pèlerins de Kreutzer, qui eurent un succès énorme. Les solos étaient faits par deux cents chanteurs de Vienne, Prague, Teplitz, Berlin et Hanovre. L'exécution me parut meilleure que la veille, ce qui prou- vait que les chanteurs avaient pris l'habitude de cet en- semble étourdissant. Comme la veille, après le concert, un autre concert re- commença qui dura jusqu'à minuit. Ce soir-là , grâce à l'entrain du défilé, on était devenu plus communicatif. On s'abordait pour se demander d'où l'on était; au milieu de cette confusion de nationalité, il était intéressant de se renseigner. Je m'assis pour boire à une table et je me trouvai, moi, Français, avec un Russe, un Hongrois, un Holsteinois, un Américain, un Polonais, un Saxon, un Prussien, etc., et l'on s'embrassait comme du pain, sur la bouche, l'usage le veut ainsi; et l'on buvait dans le verre les uns des autres, c'est l'usage encore; et l'on criait ensemble « vive l'Allemagne unie et libre ! » toujours une question d'usage. Mais l'on était bien heu- reux, je vous en réponds, et les scènes de ce genre restent gravées pour toujours dans la vie d'un homme. En me dirigeant, au milieu de la nuit, du côté de mon lo- gement, j'entendis la fanfare de Schneeberg, et je m'arrê- tai pour l'écouter. C'est la seule^^musique instrumentale, à part les musiques militaires, qui ait été admise au cor- tège. Cette société se compose de quinze montagnards qui avec des planchettes de sapin et des ficelles se sont con- fectionné des instruments excessivement harmonieux. Chacun de ces instruments n'a que cinq notes et il a fallu créer une famille complète pour donner l'étendue de deux ou trois octaves. Les plus petits de ces 4 instruments sont de la grandeur d'une clarinette, et les basses ont jusqu'à quatre mètres de long; aussi, quand les joueurs marchent,