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322 NOUVELLE. je voulus faire moi-môme, en cette occasion, une surprise agréable, et voici en quoi elle consistait. Ainsi que je l'ai déjà dit, le pore de Fossali avait reçu la croix d'honneur des mains de Napoléon I e r ; mais, à celle époque, le héros français, ainsi que (out ce qui pou- vait rappeler son règne, était loin d'être en faveur à Nice; le guerrier, décoré par son empereur, n'osait porter à la l-oulonnière de son habit la récompense de sa fidélité el de sa valeur ; il voilait aux regards ce que tant d'autres s'honoraient à juste titre de montrer; il tenait celle croix enveloppée de papier et cachée au fond de son armoire, d'où elle n'élait sortie que pour les personnes qu'il savait sympathiques à ia gloire militaire française, c'est a ce t i - tre qu'il me l'avait fait voir; or, je résolus de lui offrir une jolie petite boîte pour y renfermer cette glorieuse reli- que de ses plus beaux jours, et je fis faire chez M. Gomel, célèbre artiste, une petite cassette en citronnier, ornée d'em- blèmes belliqueux admirablement incrustés sur son cou- .. vercle. De son côté, Caréna fit graver en caractères dorés sur une plaque de bois d'olivier ce N° 365 auquel avaient été dus le bonheur de son ami cl le sien ; il m'avait consulté sur son projet a cet égaid, à l'exécution duquel je l'encourageai beaucoup. Le grand jour des noces arrivé, on vit donc, brillant et suspendu au-dessus de la porte de Fossali, le chiffre 365 que Caréna y était venu placer pendant la nuit; ce chiffre qui devait sans cesse retracer a la mémoire un généreux acte de l'amitié et deux unions fortunées dont il avait été la cause. Dès l'aube, le bruit assourdissant des boîtes retentit dans toute la commune, tant cet usage est général pour le malheur de beaucoup de jeunes gens qui s'estropient en y mettant le feu, et pour la tête des personnes sujettes aux migraines.