page suivante »
NOUVELLE. 321 en dépeindre les divers épisodes ; mais ce qui frappa le plus mes yeux et mes oreilles, ce fut deux baisers retentissants pris ou donnés à leurs fiancées par les deux jeunes conscrits. Les moines et moi-même, éleclrisés par l'allégresse géné- rale, nous suivîmes monsieur le comte G o qui condui- sit l'heureuse troupe dans un restaurant voisin; là , il versa du vin d'Asti dans les verres de chacun et trois cent soixante- cinq francs dans la bourse de Fossati qui, sur le moment mô- me, en remit trois cents à Caréna. On but aux heureux hyménées des beaux couples, à la gé- néreuse action de Fossati, à la santé des mères, des pères, du bienfaisant comte de G.....0, des moines, de moi-même ; enfin, tant de santés furent portées que la mienne en souffrit, et qu'un violent mal de tête subi le lendemain ne me permit pas d'oublier les émotions et les libations trop fréquentes de la veille. Quelques jeunes gens présents au tirage au sort ayant pré- cédé notre retour h Cernier, et y ayant porté la nouvelle du numéro 365 obtenu par Fossati, la population maie du vil- lage voulut célébrer son bonheur; elle vint à notre rencon- tre. La fête fut générale, et ce furent (oute la soirée des chants, des vivats à n'en plus finir. Fossati augmenta et en- tretint celte allégresse au moyen de quelques francs pris sur les 65 francs restants du cadeau du bon comte G o. Le couvent lui-même fut en liesse, tant l'heureux conscrit était aimé pour son excellent naturel, et tant son généreux et pécuniaire dévouement pour Caréna causa d'admiration dans celle circonstance fortunée. Les noces des deux couples furent fixées à quinze jours après cet heureux événement, et je fus prié d'y assister par les familles des époux; les deux moines qui avaient accom- pagné Fossati furent de même invités; la cérémonie de- vait avoir lieu dans la ferme du père de ce dernier, à qui 21