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                          NOUVELLE.                         317

« mère de Fossati et accompagner ce dernier jusqu'à Nice
« où il doit (irer au sort.»
   J'acceptai de suite celte proposition et, le jour venu, ils
me prirent en passant devant ma demeure, et nous allâmes
ensemble à celle de la famille de Fossati, qui, à notre arri-
vée, était pleine de gémissements, de larmes, de plaintes
que l'ancien sergent et brosseur d'habits de Napoléon cher-
chait en vain à apaiser.
    «Eh! Che Diavolo, disait-il, j'ai été douze ans militaire
«dans un temps où l'on se battait; faut-il tant se désoler
«pour aller servir sept ans en pleine paix; mais sept ans
«sont bientôt passés; ni les uns ni les autres, jeunes gens,
«n'aurez eu le temps de vieillir; allons donc, point de fai-
« blesse ! ! »
    Le supérieur du couvent ajoutait des consolations reli-
gieuses à celles du vieux Grognard, mais ce qui me frappa
surtout, c'est l'assurance qu'il donna à la pauvre mère Fos-
sati que son fils aurait un bon numéro, qu'il ne partirait
point et que le comte G          o devrait débourser une jolie
somme qui servirait à acheter un beau présent de noces à
Silvia Caréna.                ,
    Oui, lui disait-il, mes rêves ne me trompent jamais, et
celle nuit j'ai vu Luigi avec le N° 365 à son chapeau, cou-
ronné de fleurs ; je l'ai vu, une bourse bien ronde à la main,
qu'il remontait en chantant le coteau de Cernier à la tête
des jeunes gens de la commune qui lui faisaient fête et cor-
tège.... Vous verrez, mère Sina (c'était le nom de baptême
de la mère de Fossati), vous verrez...., et la pauvre mère,
écoulant ce récit d'un songe si joyeux pour elle, mêlait un
doux sourire aux pleurs qu'elle répandait en silence; quant
à Luigi Fossati, il était abattu, et la perspective d'être éloi-
gné si longtemps de celle dont il était épris, lui était mille
 fois plus pénible que l'idée de devenir soldat, car les récits