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316                       NOUVELLE.

5 leurs deux sœurs ; les parents ainsi qu'eux-mêmes dési-
raient ardemment ce double mariage, et voilà que l'obliga-
tion du service militaire déjoue leurs projets ou en remet la
réussite aux chances du sort. Telle est la raison de leur
tristesse.
   Mais quel est, lui dis-je, ce Pedro Garena?
   «C'est le fils d'un fermier du Comte G          o, brave et
beau garçon qui aime Sperata Fossati autant que Luigi
adore Silvia Garena ; ces deux couples, habitués à se réunir
chaque jour, dont rattachement date de leur enfance, vont
sans doute être séparés, et vous concevez non-seulement la
peine des amoureux, mais le chagrin des parents menacés
d'être privés de fils laborieux, intelligents, robustes, qui
étaient l'âme de leurs travaux et la joie de leurs paisibles
foyers.
   Le comte G....O, qui aime beaucoup Fossati et son fils,
a promis à ce dernier de lui donner une somme en francs
égale au numéro qu'il tirerait dans l'urne de la conscrip-
tion.
   «Si ton numéro est bon, lui a-t-il dit, ce sera pour
«acheter un cadeau de noces à ta fiancée; s'il est mauvais,
« eh bien ! ce seront quelques francs qui t'aideront à te con-
«soler de ta chance fâcheuse de quitter le toit paternel pour
« la caserne du soldat, la pioche pour le fusil, et l'amour
« pour la gloire. »
    «Pedro Caréna, en prévision d'un mauvais numéro, avait
« amassé péniblement une somme de neuf cents francs pour
«se faire un remplaçant, mais celur qui consentait à partir
«pour lui, demande douze cents francs, en sorte que ces
«pauvres jeunes gen3 sont également chagrins et angoissés. »
   Et comme ce récit m'intéressait au sort de ces beaux cou-
ples ; « si vous voulez venir avec nous, me dit-il, après-
« demain matin nous irons, Arcangelo et moi, consoler la