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308 NOUVELLE. Ah ! certes, je conçois et j'ai célébré moi-même les charmes du foyer, les rêveries et les causeries faites au coin du feu ; je connus le plaisir engendré par la bienfaisante atmosphère qui entoure l'âtre où la flamme brillante danse et voltige sur les tisons ardents; je sais quelles aimables sensations l'on éprouve quand le vent âpre du nord siffle dans nos volets, quand la neige tourbillonne dans un ciel gris, quand la campagne n'offre plus que sa couche de frimats; je sais, dis- je, combien il est doux alors de se sentir abrité sous son toit et réchauffé par son feu, et cependant je crois que l'obli- gation où l'on se trouve de ne pas s'exposer aux intempéries de l'hiver, exagère à nos yeux les mérites du seul refuge où l'on est forcé de le fuir et où on peut le braver. On se rési- gne à le chanter pour n'avoir pas à le maudire; car, en conscience, combien il est cruel cet hiver qui nous con- damne aux arrêts forcés sous peine de rhumes, calharres, etc., etc. Si l'on cherche h s'y soustraire, et combien cette saison n'esl-elle pas plus aimable alors que l'on peut, comme à Nice, la passer en plein air, à ciel ouvert, en cueil- lant des fleurs dans les champs et des oranges dans les jar- dins, en parcourant, comme je le fis, les environs de celle tiède cité, en montant sur les hauteurs de Gernier, d'où ma vue s'étendait sur la Méditerranée, que j'admirais quand des vapeurs sillonnant, son sein d'azur, faisaient flotter derrière eux leurs panaches de fumée et leurs sillages écurneux. Que do réflexions ne faisais-je pas alors, assis sous un olivier, la tête à l'ombre el les pieds au soleil, sur mes infortunés amis de Genève, pataugeant dans la boue du dégel ou grelottant sur la terre jaunie par le froid, les mains dans leurs gants fourrés et le nez caché sous le col de leurs épais manteaux. La maison de campagne de Madame Lombardi, dans la- quelle j'étais logé, sur l'une des sommités de Gernier était peu distante du couvent célèbre qui s'y trouve. Bâti sur