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NOUVELLE. 309 l'emplacement où s'élevait naguère l'Hôtel-de-Vi!le de l'an- tique cité, appelée d'abord CERNENELIUM, capitale des Alpes védialiennes, ce refuge religieux contenait cinquante moi- nes, dont le supérieur, nommé Ludovico, dirigeait l'instruc- tion avec beaucoup de tact et de sévérité. Grâce à lui, à l'in- lôrêletà l'attachement qu'il avait pour les habitants de Ja commune, le couvent exerçait sur eux une influence salu- taire; les débats qui ne surgissent que trop souvent parmi les cultivateurs étaient tous apaisés et terminés par les déci- sions souveraines des moines éclairés, qui n'intervenaient dans leurs discussions que pour y mettre fin, et rarement ils échouaient dans leurs sages intentions'à cet égard. Les mœurs se ressentaient de l'active surveillance des religieux ; durant les six mois que j'habitai celte commune, aucun dé- sordre n'y eut lieu, les habitants passaient le dimanche de- vant l'église, sur une longue et belle place^ombragée par deux chênes verts énormes, dont les branches élancées, cou- vertes d'un feuillage épais, abritaient les yeux de la foule réunie à leurs pieds. Les moines, sans se mêler jamais aux divertissements des cultivateurs, les présidaient du haut des escaliers du temple, et se promenaient sous son péristyle; puis, durant les jours de la semaine, les pauvres venaient à midi dans ce même lieu manger la soupe que le couvent leur donnait; car, bien que les religieux vécussent très-bien des riches et nombreuses aumônes qui leur étaient faites, eux-mêmes à leur tour, soutenaient l'exister'ce des infortunés qui recou- raient à leur charité. Je recevais souvent la visite du frère quêteur, nommé Fran- cisco; il m'apportait de la salade formée de cinq herbes différentes qu'il cultivait dans le beau et grand jardin du couvent; puis il ouvrait un large sac de toile dans lequel je jetais quelques pièces de monnaie, car, d'après les statuts de