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CINQ JOURS A DRESDE. 217 IL Le 22 au matin nous quittons Leipsig et la ville toute entière part avec nous. Un courant de population s'écoule tranquillement par toutes les rues et vient aboutir à la gare de Dresde. Il est bon ici de constater q u e , s'il n'y a ni encombrement, ni dispute, cela vient des ex- cellentes mesures que prennent les compagnies de chemin de fer. Elles suppriment complètement les salles d'attente, qui, comme d-"s réservoirs trop pleins, débordent à un mo- ment donné et produisent des bousculades désastreuses. Chaque Société a son wagon réservé avec une large pan- carte portant le nom de la Société ; le public se place dans les voitures à mesure qu'il arrive, puis quand le convoi est rempli, l'on part et des contrôleurs de route font payer les voyageurs qui n'ont pas pris leurs billets d'avance ; de plus, au lieu d'avoir, comme en France, dix minutes pour donner des billets à 5,000 personnes, chacun peut prendre sa carte un jour d'avance et avec cette simple précaution on évite les accidents souvent graves qui ont lieu aux gui- chets des chemins de fer les jours de grandes fêtes. La foule, au bout du compte, est un liquide dont chaque homme forme une molécule ; il faut la diriger, faciliter son écoulement et éviter le système des digues et des barrières qui n'amènent que des catastrophes. A 11 heures à peu près, les députations parisiennes et lyonnaises, accompa- gnées de toutes les Sociétés reçues dans le même train, faisaient leur entrée dans la ville de Dresde, bannières dé- ployées, musique en tête et escortées par les étudiants de Leipsig (Pauliniers) l'épée au poing. Dire que la ville était décorée et pavoisée ne donnerait aucune idée des ornements ingénieux dont chaque maison, chaque rue était parée ; les maigres drapeaux tricolores que nous mettons en France à nos fenêtres les jours de gala, les guirlandes de buis que nous suspendons à nos maisons