page suivante »
DE LA M0SIQUK DRAMATIQUE. 127 uai dire, qui doit être considéré comme le père de la musique moderne. Ses principaux mérites sont d'avoir amélioré l'art du chant, amplié l'instrumentation, jeté les bases du contrepoint (Arteaga; — Rivoluzioni del tealro musicale ilaliano, Bologna 1783.) Les anciens n'eurent de la musique que le germe, la mé- lodie; leurs instruments n'outrepassaient pas l'accompagne- ment ou, pour mieux dire, l'imitation de la voix; la mu- sique n'était pour les anciens qu'une ombre, qu'un écho, qu'un pressentiment ; elle était simple comme la société elle-même : mais dans ces peuples il y avait une foi pro- fonde et avec elle l'instinct de l'unité qui est le secret du génie. La musique n'entrait pas alors, il est vrai, dans la Car, ainsi qu'un grand fleuve où boivent les humains. Toute cette musique a coulé de vos mains ! Car Gluck et Beethoven, rameaux sous qui l'on rêve, Sont nés de votre souche et fails de votre sève! Car Mozart, votre fils, a pris sur vos autels Cette nouvelle lyre inconnue aux mortels, Plus tremblante que l'herbe au souffle des aurores, Née au XVIe siècle entre vos doigts sonores! Car, maître, c'est à vous que tous nos soupirs vont, Sitôt qu'une voix chante et qu'une âme répond ! Oh ! ce maître pareil au Créateur qui fonde, Comment fit-il jaillir de sa tête profonde Cet univers de tons, doux et sombre à la fois, Echo du Dieu caché dont le monde est la voix? Où ce jeune homme, enfant de la blonde Italie, Prit-il cette âme immense et jusqu'aux bords remplie? Quel souffle, quel travail, quelle intuition, Vers qui se tourne l'œil qui pleure et qui s'essuie, Sur qui tout un côté dn cœur humain s'appuie ! D'où lui vient cette voix qu'on écoute à genoux? Et qui donc verse en lui ce qu'il reverse en nous ? VICTOR HUGO.