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DU BKOIT A LYON. 87 de l'église primatiale (1). L'étude du droit avait pris de l'importance ; elle embrassait des matières considéra- bles qui ne pouvaient être traitées qu'en plusieurs années; les leçons des anciennes écoles ne répondaient plus aux progrès de cette branche de connaissances ; il fallait l'organisation plus complète des universités pour suffire à un pareil enseignement. C'est ce que les conseillers de (1) A cette époque l'enseignement public était fort négligé à Lyon. Au lieu de chercher dans une instruction solide un contre-poids au puissant essor de la pensée qui rendit si remarquable la première moi- tié du XVI° siècle, la politique désastreuse des derniers Valois pensait mieux faire la guerre à la liberté de conscience en comprimant toutes les ardeurs de l'esprit ; elle aboutit au fanatisme et à la guerre civile. Nous recommandons la lecture des pages 32 à 35 du Lugdunurn Pris- cum (édit. des biblioph. lyonn. Lyon, 1846). Cl. Bellièvre y fait un ta- bleau de l'état des écoles de Lyon ; il mourut en 1557. C'est lui qui nous apprend que l'église, aujourd'hui si partisan de la liberté d'ensei- gnement, exerçait alors sur elles la plus rigoureuse domination et que nul ne pouvait enseigner « sans sa licence » ; que le superintendant des écoles, ce grand-maître de l'instruction publique, au lieu d'être un homme de science, était communément quelque personne qui en igno- rait les élémens, qui vix-novit rudimenta ; que ces temps étaient cala- miteux, mala iempora ; que les hommes étaient les plus mauvais qu'on pût voir, immb homines qui sunt pessimi. et qui plus n'ont aulcune honte; que cettesupérintendance, comme tant de charges ecclésiastiques, était donnée au plus riche, sauf à lui à vendre le titre de maître d'école au plus offrant, afin de se rembourser le prix coûtant de ce bénéfice. En admettant que le I er président du parlement de Grenoble ait cédé à cette tendance, assez commune chez les écrivains, d'adresser à leur épo- que plus de critiques qu'elle n'en mérite, on ne contestera pas la sagesse de ses vœux. Le remède à ces abus, il ne le voyait que dans la gratuité de l'enseignement, la moralité et le savoir chez les précepteurs de la jeu- nesse et le droit pour les parens de confier l'instruction de leurs enfans aux maîtres qu'ils préfèrent. Il demandait d'urgence, jusqu'à l'accom- plissement de cette réforme, que les maîtres d'écoles fussent présentés par le consulat au chapitre qui serait tenu de les instituer.