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LES GIROUETTES. 51 gnifique croix à girouette (1), dont l'emploi était consacré par de très-anciennes coutumes. — 11 a conservé ainsi le souvenir de l'antique usage que les églises eurent d'arborer leur bannière a certaines époques solennelle de l'année, et les confrères des arts et métiers de se réunir à Saint-Nizier, sous les pennons de leur corporation, pour resserrer leurs liens de bonne fraternité chrétienne, la seule vraie. On a pu voir encore, il n'y a pas longtemps,-dans quelques villes du nord de la France, un assez grand nombre de ces gracieuses girouettes, restes précieux d'une époque passée; mais le temps et la main des hommes, en faisant disparaître les broderies en métal doré dont les faîtages étaient ornés, en ruinant et supprimant les poinçons en terre cuite et co- loriée, dont les charpentes furent si longtemps enrichies, enlevèrent du même coup les girouettes armoriées, peintes et découpées, derniers vestiges d'habitudes seigneuriales et dislinctives dont on ne voulait plus. Les monuments en par- ticulier et les villes en général perdirent ainsi une partie de cette allure poétique d'un autre âge, si bien comprise et si bien décrite par M. "Victor Hugo. Ce puissant coloriste, en écrivant son roman de Nolre-Dame-de-Paris, n'a point ou- blié de parler de ces girouettes, si multipliées dans Paris au XVe siècle, il cite surtout celles de l'hôtel Saint-Pol. « Cet hôtel, dit-il, était encore fort considérable et fort merveilleux à voir avec ses façades multipliées, les enrichis- sements successifs depuis Charles Y, ses excroissances hy- brides dont la fantaisie des architectes l'avait chargé depuis deux siècles, avec toutes les apsides de ses chapelles et tous les pignons de ses galeries, mille girouettes aux quatre vents, et ses deux hautes tours contigues, dont le toit co- nique, entouré de créneaux a sa base, avait l'air de ces chapeaux pointus dont le bord est relevé. » (1) Au centre de celte girouette brille l'anagramme du Christ.