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                          BIBLIOGRAPHIE.                        567
de tout temps, le devient maintenant plus que jamais, attendu
que le cadre s'agrandit et que nos exigences vont croissant.
Raison de plus pour encourager les hommes qu'elle n'effraie
pas et qui vouent leur vie à un pareil travail, comme on la
consacre à une mission. M. Christophe l'a fait. Il a écrit l'his-
toire de l'Eglise à une de ses époques, sinon les moins connues,
du moins les plus légèrement appréciées, avec une érudition
sûre, étendue, une ordonnance large et magistrale. Honneur
à lui!
    Les deux volumes dont nous devons, trop brièvement
d'ailleurs, entretenir les lecteurs de cette Revue, sont consa-
crés aux temps qui s'étendent depuis la fin du grand schisme
jusqu'à la mort d'Alexandre VI. Ils traitent des Conciles de
Bâle et de Florence, des pragmatiques de Pie II, de Sixte IV,
d'Alexandre VI, de la renaissance. L'histoire de l'Eglise est
comme celle de tous les gouvernements, semée d'écueils et
pleine de tempêtes. Elle a encore ce caractère particulier que
sans cesser d'être une, elle est multiple ; qu'elle louche à
 toutes les questions à la fois et qu'elle est à un certain point de
vue l'histoire de l'Europe. Elle a été souvent racontée ; elle l'a
été rarement d'une manière qui nous satisfasse. Quel magni-
fique sujet pourtant! Que de grands hommes! Combien de
questions qui ont passionné le monde ! Que de difficultés,
autres que celles d'aujourd'hui, sans être moins sérieuses ni
moins graves ! Pourquoi faut-il presque toujours une étude
approfondie, quand on veut se rendre compte du passé et le
comprendre? Pourquoi est-il si rare de trouver le travail fait,
c'est-à-dire des historiens qui aient compris pour nous?
    M. l'abbé Christophe a surtout deux genres de mérite.
L'un, d'avoir réuni tous les renseignements qu'il était pos-
 sible d'avoir aujourd'hui, d'être par conséquent plus complet
et plus vrai qu'aucun de ses devanciers. Je dis à dessein plus
vrai, car la vérité a ses degrés, et l'historien, qui ne peut ja-
 mais se flatter de voir la vérité sous toutes ses faces, en saisit
 une plus grande port quand il augmente ses moyens d'infor-
 mation. L'autre, plus difficile, est celle curiosité calculée
 qui sait faire un choix à notre usage dans les événements
 d'une époque assez éloignée de nous pour être en dehors de
 nos préoccupations actuelles, pas assez cependant pour que
 ses souvenirs ne soient pas encore instructifs et frappants.
 M. Christophe sait présenter les grands débats d'autrefois
 par les côtés qui nous intéressent aujourd'hui ; il connaît le
 point où il doit se placer pour juger les choses et les nom-