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                   POÉSIE.

DU HAUT DES MONTAGNES DU BUGEY
             SOUVENIRS D'UN BRESSAN.


C'était un soir d'été, du haut de la montagne,
Fatigué, l'œil humide et l'esprit incertain,
Abaissant mes regards au loin sur la campagne,
J'aperçus mon pays entre la Saône et l'Ain.
Les rayons du soleil, sur ses vertes collines,
Et sa féconde plaine et ses fertiles champs,
Et ses humbles ruisseaux, et ses sombres ravines,
Reposaient tour à tour leurs feux étincelants.
Tantôt m'apparaissaient la Reyssouze et la Veyle,
Et les hameaux épars sur le bord de leurs eaux ;
Tantôt je contemplais une vieille tourelle,
Tantôt le Revermont me montrait ses coteaux.
Tu m'apparus enfin, ô Bourg, ô ma patrie,
Toi dont le souvenir est si cher à mon cœur !
Je vis briller tes murs au fond de la prairie :
Tu m'apparus, ô Bresse, ô pays enchanteur !
L'enfant tendit ses bras en songeant à sa mère !
Son œil couvrait le sol qu'il semblait dévorer !
O Bresse, à ton aspect ma douleur fut amère !
O Bourg, ton souvenir, hélas! me fit pleurer!

       Me reportant alors aux jours de mon enfance,
  Je revis devant moi le foyer paternel ;
       Songeant bientôt à mon adolescence,
  Je voulus rajeunir et j'accusai le ciel ;
       Je me voyais au milieu de mes frères,
  Parcourant les sentiers des bosquets de Bouvent;
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