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COJSCEUT DIS M. J. LCIGINt. 283 rarement les forts ténors, et pour les charmantes musiciennes, Mlles Delépierrc, dont les doigts enchantés savent tirer du violon des sons d'une délicatesse inouïe. Vraiment, en écoutant ces ga- zouillements d'oiseaux, entremêlés de traits d'une exécution ma- gistrale, on se serait cru sous le charme de quelque fantastique- rêverie. Il faut pourtant que je fasse un reproche... bien hardi, car c'est au public que je veux l'adresser. Comment se fait-il que les œu- vres de Mendelssohn aient été accueillies avec une froideur... polie? Avait-on peur de se compromettre ou s'épuiser en donnant aux émouvantes compositions du maître allemand, quelques-uns des bravos que l'on réservait pour des exécutants d'un mérite in- contesté ? II me semble au contraire que l'ouverture de Ruy-Blas et la marche triomphale ont été rendues d'une manière parfaite. Je sais bien que le scherzo du Songe d'une nuit d'été manquait un peu d'unité dans la mesure, mais il faut tenir compte de la fusion d'orchestres différents ; la Société philharmonique et l'orchestre du théâtre avaient fait leurs répétitions séparément et la mélodie légère et délicate de ce scherzo se ressentait de ces deux traditions différentes ; ces tierces qui sautillent comme des feux follets, ces triolets qui effleurent en courant les cordes graves des violons et des altos, semblables aux nuages blancs que le vent pousse la nuit au devant de la lune..."toute ces finesses d'orchestration s'alour- dissaient un peu dans unrhythme indécis, mais cela n'a été sensi- ble que dans ce morceau seul, et même si peu sensible que je me demande toujours pourquoi l'enthousiasme n'a pas éclaté à l'au- dition de pareils chefs-d'œuvre ? La Marche du couronnement, de Meyerbeer, exécutée par les orchestres réunis, renforcés des cuivres puissants de la Fanfare lyonnaise, a terminé la soirée d'une manière éclatante et chacun s'est retire en se disant : à l'année prochaine. EMILE GUIMET.