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DU CHATEAU DE VAREY. 271 Croyant à une conquête facile, une armée nombreuse d'Hel- vètes descend de ses montagnes, s'avance devant Genève défendue par Labiénus, laisse cette riche cité sur sa gauche, et, suivant le Rhône, passe dans les défilés du Pas-de-!a- Cluse, ceux non moins sauvages de Guloz, de Roussillon, de Saint-Ramberl, et débouche dans la plaine d'Ambérieux, où elle s'organise et se range en bataille. Pendant que l'arrière- garde rejoint péniblement avec ses chariots et ses bagages, la cavalerie bal le plat pays pour nourrir celle immense immi- gration, emmène les troupeaux, détruit -les villages et, pen- dant une vingtaine de jours, porte la désolation dans la con- trée. Varey, une des places fortes des Ambarres, ouvrit ses portes aux malheureux habitants de notre plaine. Les labou- reurs éperdus, hommes libres el esclaves, surpris par ce torrent dévastateur, s'enfermèrent avec leurs familles et leurs richesses dans toutes les forteresses qui pouvaient leur servir de refuge, tandis que des messagers couraient invoquer l'ap- pui-des légions. Les assiégés purent-ils se défendre derrière les remparts que les Helvètes vinrent certainement insulter? Pour qui a vu Varey, la réponse est facile. Ce posle ne pou- vait être emporté par un coup de main ; tout nous fait sup- poser que les envahisseurs, après élre venus au pied de la puissante citadelle, el après avoir vu l'impossibilité de l'enle- ver par un assaut, n'ayant d'ailleurs ni le temps ni la volonté de faire un siège régulier, continuèrent leur course aventu- reuse pour aller plus loin se faire détruire par César. Varey ne fut pas pris, mais que de larmes et de désolation dans ses murs, tandis que partout, sur les bords de la rivière d'Ain, les chaumières brûlaient, et que les cris des prisonniers et des captifs montaient jusqu'aux oreilles, jusqu'au cœur des iufortunés entassés sur l'étroit rocher! Les Ambarres avaient occupé Yarey, les Romains s'y éta- blirent à leur tour. Comme à Cerdon, à Poncin, à Montréal;