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240 ÉLOGE DE RAVEZ. troisième vraiment digne de lui ; c'e'tait une question d'e'tat. Bavez la plaida d'abondance, avec un tel éclat que le Prési- dent ne douta pas que son improvisation ne fit trop d'honneur a sa mémoire. Pour le mettre à l'épreuve, il ordonna la ré- plique immédiate ; mais la réplique parut plus éloquente encore que la plaidoirie. La victoire fut complète. Ravez gagna la cause de son client et la sienne ; l'auditoire lui fit une ovation unanime. L'avocat s'était révélé, le barreau avait reconquis Piavez et il garda sa conquête. Ravez a vécu et il est mort avocat. Un incident non moins fortuit vint le jeter dans la poli- tique qui devait partager, avec le barreau, toutes les gran- deurs de sa vie. Le hasard le plaça un jour au théâtre, à côté d'un honorable représentant du parti modéré, qui périt depuis dans ces temps néfastes (1). Il n'avait jamais vu Ravez ; mais à son isolement comme à son costume, il reconnut en lui un étranger; il jugea bien vite, de ses opinions par son lan- gage, et lui proposa de s'affilier à l'association politique de la Jeunesse bordelaise. C'était faire à son patriotisme un de ces appels qu'il entendit toujours. Ravez s'empressa d'accompagner son guide à Relleville où la Société se réu- nissait. Cette association défendait avec énergie l'ordre et la liberté contre les violences des clubs démagogiques, répondant aux provocations par des coups d'épée, et aux dénonciations par de hardis manifestes. Ravez y avait à peine pris la parole, et déjà il avait fixé tous les regards : mais laissons-le parler lui-même (2) : (i) M. Cornut, avocat, qui a laissé à Bordeaux une mémoire universelle- ment honorée. (2) Voir dans la Guienne du 24 mai i 856 une lettre de M. de Saint-Marc qui rapporte textuellement un entretien personnel avec M, Ravez.