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DE LYON A LA CROIX-ROUSSE. 483 terre sainte, il les rassembla et les mena sur le mont Carmel. L'auteur de la succession du saint prophète Elie produit nécessairement des objections contre l'opinion du cardinal; mais sa controverse embarrassée n'est pas faite pour convaincre les hommes qui recherchent sim- plement la vérité historique. Le défenseur des Carmes ne recule devant aucune sorte de preuves : il appelle à son secours les faits sur- naturels, et il nous apprend que le prophète Daniel, sous le costume de Garme, apparut en songe à Jean Dubois, prêtre et sacristain de l'église de Saint-Michel de Bor- deaux, en avril -1478. Saint Pierre-Thomas, au XIVe siècle^ eut une vision de la Vierge, qui lui apprit que le prophète Elie, instituteur des Carmes, avait obtenu de Dieu que son ordre subsistât jusqu'à la fin du monde : c'était pendant la transfiguration qu'Elie avait demandé et obtenu cette grâce. Une fois lancé sur la rouie du surnaturel, on ne s'ar- rête plus et l'on trouve des raisons en faveur des choses les plus embarrassantes. Ainsi Enoch et Elie habitent le paradis terrestre qui existe toujours; mais ici Tableur se demande comment le premier séjour d'Adam n'a pas dis- paru sous l'action du déluge? 11 trouve de suite une ré- ponse à son service : un miracle a converti le paradis terrestre en île flottante, qui s'est soutenue au-dessus des eaux ; ou bien encore : le déluge n'a rien détruit, rien dérangé, puisque la colombe, au bout de quarante jours, rapporta un rameau d'olivier, avec ses feuilles. Ainsi, non seulement le déluge n'avait pas déraciné etébranché les arbres, mais il avait même respecté leurs feuilles (1). (1) Ce fait, rapporté par la Genèse, doit clore toute discussion au sujet