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•484 VOYAGE EN CHF.MIN DE FER Les deux religieux, dont je viens d'analyser les œu- vres, font encore l'histoire de la secte des Esséniens, qu'ils prétendent avoir été institués par Elie, et les Carmes seraient leurs successeurs. Le père Grégoire de Saint- Martin cite Jamblique, et dit que Pythagore, vivant 500 ans avant Jésus-Christ , aborda au mont Carmel et y trouva un temple, ce qui prouverait que les Esséniens s'y assemblaient. Josèphe et Philon nous ont laissé l'his- toire des Esséniens : c'est le nom que saint Jérôme, Baronius et Bellarmin ont donné aux Carmes qui floris- saient déjà du temps des deux auteurs précités. En effet, les Esséniens vivaient en commun et fort détachés des plaisirs des sens. Enfin le père Louis de Sainte-Thérèse prétend qu'un jugement de Sixte IV déclare les Carmes successeurs du prophète Elie (1). Avant d'examiner la théorie soutenue par ces reli- gieux, sur l'antiquité de leur origine, je vais continuer l'histoire de la guerre entreprise contre les Bollandistes. Ce n'était pas assez de combattre leurs adversaires sur une simple question histori'que, ils entreprirent encore de les convaincre d'hérésie, et en l'an 1690, après avoir dénoncé le père Papebrœck aupape Innocent II, ils l'accusèrent d'avoir rempli d'erreurs grossières les Acta du déluge de Moïse, que beaucoup de gens, plus zélés qu'éclairés, veulent absolument faire intervenir dans l'histoire de la géologie. Le déluge, qui n'a aucun rapport avec les diluvia des géologues, a été un miracle, et par conséquent étant du domaine de la foi, il échappe à l'examen. Si au lieu d'admeltre le miracle, on fait appel aux lois ordinaires de la nature, on ouvre la porte à toute espèce de controverse, sur l'impossibilité phy- sique du déluge, tel qu'il est raconté par Moïse. L'admission du surna- turel met un terme à la discussion. (1) Sixte IV a régné de 1471 à 1484.