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410 UNE NOCE. perse à bouquets dont il avait autrefois compté bien souvent les roses et les tulipes gracieusement jetées sur un fonds gris de lin ; puis ses regards errèrent sur les murs tendus de coutil en forme de tente, sur la natte de paille qui couvrait le sol, sur les étagères chargées de mille objets bien connus de lui et de livres à reliures passées et fanées par les mains enfan- tines qui les avaient tant de fois maniées ; puis, encadrés dans un filet de bois de citronnier, deux dessins au crayon, faits par Mme Girard, l'un rendant à merveille la tête blonde de Louise enfant, avec ses boucle» en désordre , ses yeux candidement ouverts, sa bouche fermée par une adorable petite moue pleine de sensibilité; l'autre, exprimant en traits plus régu- liers, moins livrés au doux caprice du sentiment, la gravité que les huit ans du petit Frédéric s'était donnée pour être grand comme un homme dans son portrait. Le jeune avocat envoya un doux sourire à la foule de ses «ouvenirs qui bruissaient dans son cœur, et il retrouva ce sourire sur les lèvres de sa cousine lorsqu'il la regarda après avoir parcouru tout le pa- villon par une muette inspection. — Vous reconnaissez tout, lui dit-elle, et leur table à ou- vrage et ce canapé sur lequel nous venions nous jeter tout en nage après nos courses dans la prairie. — Et ces raquettes accrochées au mur ? Et ces livres sur ce rayon ? — Vous y trouveriez encore Robinson Crusoë illustré de dessins qui témoignent de votre imagination plus que de votre science de la perspective ; vous y avez peint des paysages fan- tastiques où les herbes des prairies escaladent les arbres. — N'y a-l-il rien de vous? — Si vraiment, môme dans Robinson. Mais j'ai surtout dessiné des fleurs et des oiseaux, tandis que votre triomphe, à vous, se trouve dans ce gros volume in-octavo, les contes de Mn,e d'Aulnoy. Celait voire livre de prédilection parce qu'il y