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406                         UNE NOCE.

porter une assurance plus certaine de ses sentiments. Le oui
de la veille ravissait l'amoureux, mais ne suffisait pas au futur
mari. Enfin, dans celte conversation sous les saules, le jeune
homme avait cédé aussi sans s'en rendre compte au charme
du moment, et il s'était laissé aller à son émotion sans se sou-
venir des recommandations de son père, trop emporté qu'il
était par le courant des sentiments délicats dans lequel Louise
l'avait entraîné. Il songeait donc le lendemain à réparer celte
faute, mais Mme Olympe Girard mit une sorte d'obstination
à demeurer près de Louise, dont elle railla la mélancolie;
M. Girard qui, lui aussi, était ce matin là d'humeur malicieuse
s'amusa aux dépens des projets cynégétiques de son neveu
qui avait amené ses deux chiens et porté son fusil sans même
brûler une amorce. Mais comme il termina cette petite guerre
en l'engageant à revenir la semaine suivante, Frédéric prit
les malices de son oncle de bonne part et quitta les Gran-
dières après avoir échangé avec Louise, un regard qui la fit
rougir et qui fit sourire M. Girard. Quant à Olympe, il y
eut de la froideur dans l'adieu qu'elle dit à Frédéric, mais
celui-ci n'y ajouta par la moindre importance et se contenta
dépenser que le dévouement,dont Olympe entourait son
beau-père et Louise, était chèrement payé par les ennuis que
devait leur attirer son caractère facile à la raillerie, à l'indis-
crétion et à la médisance.
    Pendant que Frédéric se disait à lui-môme du mal
d'Olympe , celle-ci s'installait au salon près de Louise qui
s'était mise à son métier de tapisserie et qui nuançait un
lis du plus beau blanc , tandis que son cœur voyageait avec
Frédéric.
    — Le voilà parti, cet amoureux, dit Mme Girard. Puis au
bout d'un moment: lu ne dis rien, Louise. Ah ! oui, je conçois,
tu rêves à tout ce qu'il a dû te dire hier soir. Vous êtes sen-
timentalement revenus au clair de lune, et il t'a fait les clas-